Malgré leur illégalité, plus de 2000 casinos en ligne sont accessibles au Québec. Ces plateformes de jeu en ligne envahissent les courriels et les publicités, invitant la population à jouer sans aucune restriction. Pourtant, aucun exploitant de casino en ligne n'a été arrêté dans la province jusqu'à présent. Le ministère de la Sécurité publique et la Sûreté du Québec (SQ) refusent de commenter sur le nombre d'enquêtes menées ou les suites données à ces enquêtes.
Selon Marie-Ève Bilodeau, responsable au ministère de la Sécurité publique, il est "très difficile" de réunir des preuves dans ces dossiers. Les casinos en ligne se protègent en s'enregistrant dans des paradis fiscaux aux lois laxistes ou en utilisant des serveurs situés dans les réserves autochtones du Québec, où la SQ n'ose pas intervenir.
Par exemple, le Platinum Play Casino est enregistré au Belize et hébergé par les serveurs de la Mohawk Internet Technologies de Kahnawake. Les autorités doivent collaborer avec les services de police de ces différents endroits pour intervenir, ce qui est très compliqué, selon le lieutenant François Doré, de la SQ.
Les revenus des casinos en ligne ont augmenté spectaculairement, passant de 6,7 milliards de dollars en 2001 à environ 15 milliards de dollars aujourd'hui. Si rien n'est fait, ce chiffre pourrait atteindre 18 milliards de dollars d'ici 2008, selon le Conseil du jeu responsable du Canada.
L'exemple américain
Les États-Unis ont longtemps été le marché le plus rentable au monde pour les casinos en ligne. Cependant, en octobre dernier, le gouvernement américain a adopté une loi qui rend illégaux les sites de jeu en ligne. Les banques américaines ne peuvent plus accepter des transactions vers des casinos virtuels, ce qui signifie que les Américains ne peuvent plus utiliser leurs cartes de crédit pour jouer sur Internet.
Certains États étudient même la possibilité d'engager des poursuites contre les joueurs eux-mêmes. Les effets de cette nouvelle loi sont déjà visibles sur Internet, où les sites de jeu en ligne avertissement sur leur page d'accueil disent que les paris ne sont plus acceptés pour les joueurs américains car cela contrevient à la loi américaine.
Le modèle britannique
Au lieu d'interdire les casinos en ligne, certains pays ont décidé de superviser leur exploitation. Par exemple, le gouvernement australien et l'Afrique du Sud ont émis des licences aux casinos en ligne, ce qui permet au gouvernement de retirer des revenus. Le Royaume-Uni suivra également ce modèle, en émettant sa première licence de casino virtuel en septembre prochain.
Selon Michael D. Lipton, avocat spécialisé dans le droit des jeux de hasard à Toronto, le Québec pourrait adopter ce modèle de gestion des casinos virtuels. "La Colombie-Britannique et les provinces maritimes le font déjà. Mais pour que le Québec en fasse autant, le gouvernement devra être prêt à convaincre la population, qui va voir dans ce geste un moyen de faire encore plus d'adeptes du jeu," commente-t-il.
La perspective à court terme
Selon Jean-Pierre Roy, de Loto-Québec, le jour où les Québécois pourront jouer au poker sur Internet avec la bénédiction du gouvernement est encore loin. "Nous n'avons pas de projet en cours de ce côté-là," assure-t-il.
Et quant à la journée où les exploitants de casino en ligne seront sévèrement punis, il est impossible de le savoir.